« La Passion selon Saint-Jean » de JS Bach
« Jean-Sébastien Bach a 39 ans lorsqu’il compose en 1724 la Passion selon Saint Jean. Il a accepté, l’année précédente, la charge de Cantor des deux églises Saint Thomas et Saint Nicolas de Leipzig, poste très lourd, consistant à composer la musique liturgique, mener les répétitions, enseigner au sein de la Schola, et superviser l’ensemble des manifestations musicales de la ville. Il tiendra cette dernière charge pendant vingt-sept ans, et composera en 1723 le Magnificat, en 1724 la Passion selon Saint Jean, préparant la magistrale Passion selon Saint Matthieu de 1727, (œuvre monumentale comportant deux chœurs et deux orchestres), ainsi que plusieurs cycles de cantates. Organiste, claveciniste, violoniste, altiste mais aussi chanteur, Bach est issu d’une grande lignée de musiciens, qui se poursuivra bien après lui. Né à Eisenach en Thuringe en 1685, (formidable année qui verra également la naissance de deux autres » monstres sacrés » de la musique baroque, Georg Friedrich Haendel et Domenico Scarlatti), il va suivre, après la mort de ses parents, l’enseignement de son frère ainé Johann Christoph, qui le recueillera chez lui. Il entreprend ensuite le « voyage musical » comme tous ses contemporains, pour apprendre son métier de musicien.
Organiste à Arnstadt à seulement dix-sept ans, puis à Mülhausen, où il épouse sa cousine Maria Barbara, on le retrouve ensuite à Weimar, où il est nommé Kapellmeister du Duc : période prolifique pour la composition des cantates d’églises, au rythme d’une par mois. L’épisode de Weimar se termine mal et c’est au service du prince Léopold d’Anhalt Köthen que Bach poursuit son œuvre. Ici, la cour est calviniste, et l’écriture musicale liée au service liturgique n’a pas lieu d’être. Bach va donc privilégier l’écriture de musique instrumentale dédiée au concert : c’est la période des concertos Brandebourgeois (dédiés au Margrave de Brandenburg), des suites pour violoncelle, des sonates pour violon et clavecin.
Sa femme décède en 1720, le laissant seul avec quatre enfants dont Whilhlem Friedmann et Carl Philipp Emmanuel, eux aussi musiciens que la postérité reconnaitra. Il se remariera en 1721 avec Anna Magdelena Wilke.
La Passion selon Saint Jean est composée pour chœur, solistes tirés du chœur, sept solistes de haut-vol, dont l’Evangéliste, et un orchestre de vingt musiciens. L’œuvre relate le récit de Jean, de l’arrestation du Christ au Mont des Oliviers jusqu’à sa crucifixion.
Nous pouvons ainsi suivre pas à pas le drame qui se noue, mêlant juifs, premiers chrétiens et romains, représentés par Pilate. Bach met au service de l’œuvre l’immensité de son génie musical dans sa pleine maturité, pour souligner toutes les facettes extrêmement complexes, et questionnantes, du sujet. »
Le projet de Canzone
« Alternant récits, airs de solistes, chœurs, l’œuvre demande à tous les musiciens des qualités techniques d’une très grande exigence. Elle a besoin d’un lieu porteur pour être mise en œuvre, un lieu permettant au plus grand nombre de venir l’écouter, d’où notre choix de la donner à la Cathédrale de Chambéry.
La Passion selon Saint Jean a très rarement été donnée à Chambéry du fait de sa difficulté, et de l’effectif important qu’elle demande. Cette œuvre-pilier du monde choral, l’est par l’actualité de son propos, par la musique incroyablement prégnante de J.S. Bach, et parce qu’elle demande à tous ses protagonistes dont le chœur un formidable niveau de qualité d’interprétation. Elle se donne traditionnellement à Pâques. Nous la donnerons tout proche du temps de Pâques, le 30 mai 2015.
Notre ensemble se prépare techniquement depuis bientôt dix ans pour acquérir la technicité nécessaire. Nous avons parcouru un long chemin artistique en nous mesurant à des œuvres de difficulté croissante, et des styles permettant de comprendre l’esthétique du Kantor : de Monteverdi à Mozart, puis tout récemment Haendel, son exact contemporain, nous mesurant ainsi à la redoutable virtuosité des vocalises du Dixit Dominus. Le public nous suit, de plus en plus nombreux.
Nous sommes donc prêts à atteindre un objectif de très longue haleine, formidable manière de fêter les trente ans d’existence de notre Ensemble, et les 290 ans de cette œuvre exceptionnelle. Nous serions heureux de recevoir votre appui, belle reconnaissance mutuelle d’une volonté que nous savons conjointe, d’une diffusion artistique de qualité. »
Pierre-Line Maire