pour chœur et guitare

Ce cycle de 7 pièces, composé en 1951, met en musique des poèmes de Federico Garcia-Lorca. Pour autant, le titre peut induire l’auditeur en erreur: en effet, si le Romancero Gitano existe bel et bien dans l’œuvre de Federico Garcia-Lorca, les textes présents sont ceux d’une autre œuvre du poète andalou, le Cante Jondo.

Il s’agit d’un magnifique hommage à l’Andalousie, au travers de ses grands thèmes: la première pièce, Ballade des trois fleuves serpente entre deux atmosphères, faites d’eau et d’air: la description poétique des Guadalquivir, Darro, Genil, dans une fluide mesure ternaire menée par un continuum de doubles croches à la guitare, est interrompue plusieurs fois par un soupir élégiaque « Hélas l’amour qui s’en fut et jamais ne revint », chanté par un ou plusieurs solistes du choeur. Les fleuves l’auraient-ils emporté?

S’ensuivent La Guitarra, et El Punal ( le poignard ), pièce d’une redoutable vélocité pour les chanteurs. Toutes deux sont composées « au fil du texte ».

Au centre de l’œuvre, nous sommes à Séville, pour trois tableaux traditionnels de la Semaine Sainte: Procession ( guitare et baryton soliste ), Paso, et Saeta ; des images de Vierge en robe de Crinoline alternent avec celles du Christ noir, et la procession avance vers le fleuve. Puis dans une courte pièce dans un tempo de tango, calme et tendre, le poète envisage la mort de manière presque sensuelle, enterré sous le sable, entre les orangers et la « bonne menthe ».

S’ensuit une Danse endiablée de Carmen, qui a désormais les cheveux blancs, mais qui rêve à ses amants d’autrefois ( les solistes ténor et basse conseillent aux jeunes filles de « tirer les rideaux » !).

La dernière pièce, dans une alternance de mesures ternaires et binaires, parle du crotale, à la fois serpent et instrument à percussions, avec virtuosité et puissance sonore. L’œuvre, de facture romantique dans son ensemble, présente une très belle écriture pour les voix, à la fois souple et recherchée dans les harmonies. Les textes sont mis en valeur par la musique, avec un figuralisme certain. Ses particularités ? L’association novatrice des timbres du chœur mixte et de la guitare, et une virtuosité guitaristique redoutable !

Pierre-Line Maire